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des lingots d'or ou d'argent ; ceux qui ne possèdent pas des métaux précieux, comme ils disent, offrent des bœufs, des chevaux ou des chameaux ; les pauvres même contribuent selon la modicité de leurs ressources ; ils donnent des pains de beurre, des pelleteries, des cordages tressés avec des poils de chameau ou des crins de cheval. Au bout de quelque temps on a recueilli ainsi des sommes immenses ; alors, dans ces déserts en apparence si pauvres, on voit s'élever, comme par enchantement, des édifices dont la grandeur et les richesses défieraient les ressources des potentats les plus opulents. C'est sans doute de cette manière, et par le concours empressé de tous les fidèles, qu'on vit autrefois surgir en Europe ces magnifiques cathédrales, dont les travaux gigantesques ne cessent d'accuser l'égoïsme et l'indifférence des temps modernes.

Les lamaseries qu'on voit en Tartarie sont toutes construites en briques ou en pierres. Les Lamas les plus pauvres seulement s'y bâtissent des habitations en terre ; mais elles sont toujours si bien blanchies avec de la chaux, qu'elles ne contrastent nullement avec les autres demeures. Les temples sont en général édifiés avec assez d'élégance, et avec beaucoup de solidité : mais ces monuments paraissent toujours écrasés ; ils sont trop bas, eu égard à leur dimension. Aux environs de la lamaserie on voit s'élever, avec profusion et sans ordre des tours ou des pyramides grêles et élancées, reposant le plus souvent sur des bases larges, et peu en rapport avec la maigreur des constructions