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et va enfin aboutir aux factoreries russes de Kiaktha.

En 1688, un traité de paix fut conclu entre l'empereur Khang-Hi et le Khan-Blanc, roi des Oros, c'est-à-dire le tzar de Russie. Les frontières des deux empires furent fixées ; et on désigna Kiaktha pour le lieu du commerce entre les deux peuples. Cette ville est en quelque sorte divisée en deux parties. Au nord sont les factoreries russes, et au midi la station Tartaro-Chinoise. Le poste intermédiaire n'appartient, proprement dit, à aucune des deux puissances ; il est réservé pour les affaires commerciales. Il n'est pas permis aux Russes de passer sur le territoire tartare, et réciproquement les sujets de l'empereur chinois n'ont pas le droit de traverser la frontière russe. Le commerce de Kiaktha est assez considérable, et paraît assez avantageux pour les deux peuples. Les Russes exportent des draps, des velours, des savons, et divers articles de quincaillerie. Ils reçoivent en échange du thé en brique, dont ils font une grande consommation. Comme les produits russes sont ordinairement payés avec du thé en brique, il en résulte que les draps se vendent en Chine à un prix bien au-dessous de ce qu'ils coûtent sur les marchés d'Europe. C'est faute d'être bien au courant du commerce de la Russie avec la Chine, que certains spéculateurs n'ont pu trouver à Canton un débouché convenable pour leurs marchandises.

Le 14 juin 1728, un nouveau traité de paix fut signé entre le comte Vladislavitch, ambassadeur extraordinaire du gouvernement russe, et les ministres de la cour de Péking. Depuis cette époque, la Russie entretient, dans la capitale du Céleste-Empire, un couvent et une école, où se forment les interprètes pour le chinois et le tartare-mantchou. De