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nous dit le Lama, veuillez accepter ces modiques offrandes que vous envoie notre maître. Nous lui fîmes une inclination, en signe de remerciement, et Samdadchiemba se hâta de faire bouillir le thé. Comme nous pressions le Lama d'attendre qu'il fût prêt : Je reviendrai ce soir, nous dit-il ; pour le moment je ne puis accepter votre offre ; car je n'ai pas encore marqué à mon disciple la prière qu'il doit étudier pendant la journée. Et en disant cela, il nous montrait le jeune enfant qui nous avait apporté le laitage. Il prit alors son disciple par la main, et ils s'en retournèrent vers leur habitation.

Ce vieux Lama était le précepteur de la famille, et sa fonction consistait à diriger ce jeune enfant dans l'étude des prières thibétaines. L'éducation des Tartares est très-bornée. Ceux qui se rasent la tête sont en général les seuls qui apprennent à lire et à prier. On ne rencontre dans le pays aucune école publique. A l'exception de quelques riches Mongols, qui font quelquefois étudier leurs enfants dans leurs familles, tous les jeunes Lamas sont obligés de se rendre dans les lamaseries. C'est là, en effet, que se trouvent concentrés les arts, les sciences et l'industrie ; ailleurs on n'en rencontre pas les moindres vestiges. Le Lama est non-seulement prêtre ; mais il est de plus peintre, sculpteur, architecte et médecin ; il est le cœur et la tête, l'oracle des hommes du monde.

L'éducation des jeunes Mongols, qui n'entrent pas dans les lamaseries, consiste à s'exercer dès l'enfance au maniement de l'arc et du fusil à mèche ; l'équitation surtout les absorbe presque entièrement. Aussitôt qu'un enfant est sevré, et que ses forces se sont suffisamment développées,