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mongol faisait passer tour à tour sur la scène. Il avait déjà chanté quelque temps, lorsque le vieillard lui présenta une grande tasse de vin de lait. Le chanteur posa aussitôt le violon sur ses genoux, et se hâta d'humecter avec cette liqueur mongole son gosier desséché par tant de merveilles qu'il venait de raconter. Quand il eut achevé de boire, et pendant qu'il nétoyait de sa langue les bords encore humides de sa coupe. — Toolholos, lui dîmes-nous dans les chants que tu viens de faire entendre tout était beau et admirable. Cependant tu n'as encore rien dit de l'immortel Tamerlan : l'invocation à Timour est un chant fameux, et chéri des Mongols. — Oui, oui, s'écrièrent plusieurs voix à la fois, chante-nous l'invocation à Timour. Il se fit un instant de silence, et le Toolholos ayant recueilli ses souvenirs, chanta sur un ton vigoureux et guerrier les strophes suivantes :

Quand le divin Timour habitait sous nos tentes, la
nation mongole était redoutable et guerrière ; ses
mouvements faisaient pencher la terre ; d'un regard
elle glaçait d'effroi les dix mille peuples que le soleil
éclaire.

O divin Timour, ta grande ame renaîtra-t-elle bientôt ? Reviens, reviens, nous t'attendons, ô Timour!

Nous vivons dans nos vastes prairies, tranquilles et
doux comme des agneaux ; cependant notre cœur
bouillonne, il est encore plein de feu. Le souvenir des
glorieux temps de Timour nous poursuit sans cesse.
Où est le chef qui doit se mettre à notre tête, et nous
rendre guerriers ?

O