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ibant et flebant mittentes semina sua ; venientes autem venient cum exultatione portantes manipulos suos.

Ce fut en 1844 que nous commençâmes à étudier plus particulièrement la religion bouddhique dans les monastères des Lamas, et que le désir d’aller à la source des superstitions qui dominent les peuples de la Haute-Asie, nous fit entreprendre ces longs voyages qui nous conduisirent jusqu’à la capitale du Thibet. Le despotique protectorat que la Chine exerce sur ces contrées vint y troubler notre séjour, et après de longues mais inutiles résistances, nous fûmes expulsé de Lha-Ssa et escorté jusqu’à Macao par ordre de l’Empereur chinois. C’est là que nous rassemblâmes les quelques notes recueillies le long de la route, et que nous essayâmes de rédiger ces souvenirs pour nos frères d’Europe dont la charité veut bien s’intéresser aux épreuves et aux fatigues des Missionnaires… Alors nous reprîmes la route de Péking, et, pour la troisième fois, nous traversâmes les provinces du céleste Empire.

Après un assez court séjour dans la capitale, nous comprîmes que le terrible climat du nord ne pouvait plus nous convenir. Les infirmités que nous avions contractées au milieu des neiges du Thibet, nous forcèrent de redescendre dans nos Missions du sud. Le mal empira, et comme notre état, souvent voisin de la paralysie, était désormais incompatible avec les fatigues et l’activité de notre