Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rope allaient étonner les Asiatiques, les connaissances et les produits de l’Asie venaient, en échange, se manifester à l’Europe surprise et émerveillée.

La boussole, la poudre à canon et l’imprimerie, ces trois grandes découvertes qui ont donné une si grande impulsion à la civilisation européenne, sont le résultat des rapports que les missions établirent entre l’Occident et l’Orient. La polarité de l’aimant avait été reconnue et mise en œuvre à la Chine dès les temps les plus reculés. Lorsque les missionnaires naviguaient le long des côtes et sur les grands lacs de l’Empire, ils remarquaient certainement à bord des jonques chinoises une petite boîte avec une aiguille aimantée et appelée Ting-nan-Tchen, c’est-à-dire aiguille qui fixe le sud. Les marins s’en servent pour s’orienter. Il y a 4456 ans, disent les livres chinois, qu’un héros y eut recours pour reconnaître la route du midi, au milieu des ténèbres dont un mauvais génie l’avait environné. Ce récit n’est qu’une fable, mais une fable ancienne est en pareil cas une excellente autorité. Les mêmes missionnaires avaient dû voir dans les armées tartares et chinoises ces machines terribles, nommées ho-pao, ou canons à feu, qui lançaient, au moyen de poudres inflammables, des pierres et des boulets contre les fortifications des villes. Le savant P. Gaubil décrivant, d’après les historiens chinois le siège de Kai-Fong-Fou, au commencement du treizième siècle, s’exprime ainsi[1] « … On avait dans la ville des pao à feu qui jetaient des

  1. Gaubil, Histoire de la dynastie des Mongols, tirée de l’histoire chinoise ; Paris, 1739, p. 71.