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les avaient vus naître, ils traversaient courageusement l’Asie entière pour s’acquitter des missions diplomatiques qui leur étaient confiées, et pour prêcher l’Évangile aux infidèles. On sait que les envoyés du souverain pontife avaient ordre, en rémission de leurs péchés, d’observer les mœurs et la manière de vivre des peuples lointains qu’ils allaient visiter. Une telle recommandation ne pouvait manquer d’amener une foule d’observations capables de favoriser les progrès de l’Europe. Au moyen âge, les arts et l’industrie avaient tout à gagner à la fréquentation des nations orientales.

Nous avons cité et analysé les voyages de Rubruk, de Plan-Carpin, de Marco-Polo, d’Odéric de Frioul et de quelques autres. Mais, à cette époque on était bien plus en état d’exécuter des courses lointaines que d’en écrire les relations. Aussi le plus grand nombre de ces intrépides voyageurs sont tombés dans l’oubli ; car ils ne nous ont pas laissé l’histoire de leurs curieuses pérégrinations. Cependant, les observations qu’ils purent faire dans les pays étrangers ne furent pas perdues. De retour dans leur patrie, ils racontèrent les choses merveilleuses qu’ils avaient vues leurs récits étaient sans doute enrichis de quelques exagérations ; les objets n’avaient pu manquer de grossir un peu à leurs yeux étonnés mais ils durent, malgré cela, rapporter une foule de renseignements exacts et utiles. Ils déposèrent en France, en Allemagne, en Italie, dans les monastères, dans les châteaux, et jusque dans les derniers rangs de la société, des semences précieuses qui devaient germer plus tard. Aussi, pendant que les idées et les arts de l’Eu-