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si populeux empire de la Chine… Ce furent d’abord les bergers qui allèrent à la crèche de Bethléem adorer l’Enfant Dieu, et toujours, depuis cette époque, lorsque le christianisme pénètre quelque part, le Sauveur des hommes commence par se manifester aux humbles, aux petits et aux pauvres.

Pendant que ce pauvre malade, touché de la charité des missionnaires, se sentait attiré à leur croyance, recevait le baptême avec simplicité de cœur et passait tout suavement de cette vallée de larmes dans une vie meilleure, il est curieux de voir comment les savants, les beaux esprits de la Chine, cherchaient à s’expliquer les admirables sentiments de dévouement et de miséricorde que les religieux avaient manifestés en cette circonstance. À force de mettre leur intelligence à la torture, ils finirent par faire la découverte suivante : Les étrangers de l’extrême Occident, disaient-ils, ont des secrets qui nous sont inconnus. Ils ont deviné à la seule inspection de la figure de ce moribond qu’il avait une pierre précieuse cachée dans sa tête. Ils ont donc prodigué au vivant les soins les plus assidus, afin que le corps du défunt demeurant en leur possession, il leur fût permis de retirer tout à leur aise ce joyau d’un prix incomparable… Cette explication parut toute naturelle aux philosophes de la Chine, et c’est d’ordinaire ce qui arrive aux orgueilleux lettrés de tous les pays. Afin de se dispenser de croire, ils se jettent dans les crédulités les plus ridicules ; au lieu d’ajouter foi avec simplicité aux choses les plus simples, ils préfèrent admettre d’énormes absurdités.

Les PP. Roger et Ricci ne tardèrent pas à s’aper-