Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs discours ; mais plutôt, ils employaient le temps qui leur restait, après avoir rendu les devoirs et compliments de civilité à ceux qui les venaient visiter, à apprendre le langage naturel de ce pays et l’escriture et coutumes de ce peuple. Cependant, ils s’efforçaient de tout leur pouvoir d’enseigner ces fidèles avec un moyen plus court, sçavoir par la sainteté de leur vie et l’exemple des vertus, et ainsi s’acquérir la bienveillance des Chinois et disposer peu à peu, insensiblement, leurs âmes à recevoir ce qu’ils ne leur pouvaient point encore persuader par paroles, sans danger de renverser tout ce qui était commencé, soit à cause qu’ils ne savaient pas encore bien le langage, soit pour le naturel vicieux de ce peuple. Ils se vestaient d’un habit qui entre les Chinois est tenu pour le plus modeste, et n’était pas fort différent du nôtre ; c’était une robe longue jusqu’aux talons, à manches fort larges. Ce que les Chinois approuvèrent fort…[1] »

D’après les paroles que nous venons de citer, on voit combien les missionnaires de Tchao-King mirent de prudence à ne pas heurter les Chinois, à ne pas froisser leur amour-propre, en venant leur dire sans préambule : Jusqu’ici vous avez été dans les ténèbres et l’ignorance… voilà que nous vous apportons, nous, la lumière et la vérité… Ils commencèrent par cultiver les bonnes dispositions du premier magistrat, des mandarins et des principaux lettrés de la ville. Ils recevaient fréquemment leurs visites, et souvent dans ces rapports et ces entretiens, dont la politesse et la

  1. Trigault, p. 141.