Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonne, si ce n’est par leur pauvreté, qui ne tarda pas à leur devenir un sérieux obstacle.

D’après le plan qu’ils avaient adopté, les missionnaires voulaient construire une maison à la façon européenne, avec deux étages et d’une tournure assez respectable. Les fonds qu’ils avaient à leur disposition s’épuisèrent vite, et lorsque la construction fut élevée jusqu’au premier étage, ils n’eurent plus les moyens de continuer. Ils firent part de leur embarras au collège de Macao, et le recteur leur répondit que les ressources de l’établissement ne lui permettaient pas de leur venir en aide. Il était d’ailleurs inquiet sur la trop grande élévation de cette maison, si peu en rapport avec les constructions ordinaires du pays. Les Chinois avec leur esprit soupçonneux et jaloux, ne pourraient-ils pas voir là comme une sorte de forteresse préparée pour un futur envahissement de la Chine ? Le père recteur du collége le craignait, et le défaut d’argent venant se joindre à cette considération, il fut décidé que pour le moment la maison en resterait où elle en était. On plaça donc la toiture au-dessus du premier étage, et les jésuites s’y installèrent, en attendant qu’il leur fût permis dans la suite de donner un plus grand développement à ce premier et modeste établissement.

La stabilité et l’avenir de cette mission naissante reposaient uniquement sur la bienveillance du premier magistrat de Tchao-King. Ce haut fonctionnaire n’avait qu’à être remplacé, et toutes les espérances des missionnaires pouvaient aussitôt s’évanouir. Aussi songèrent-ils à régulariser leur position et à lui donner des bases moins fragiles. Ils furent assez heureux pour