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la correction des formes. Les Chinois prétendent que les peintres et les sculpteurs des temps passés, ceux surtout du cinquième et du sixième siècle de notre ère, étaient de beaucoup supérieurs à ceux d’aujourd’hui. On serait tenté de souscrire à cette opinion, après avoir visité les magasins des choses antiques, où l’on rencontre en effet des objets d’un mérite réel.

On ne trouve pas en Chine des temples d’une grande antiquité. Ils ne sont pas d’assez forte construction pour résister aux injures du temps et des hommes. On les laisse tomber en ruine, puis l’on en élève de nouveaux. Les Song, dit un proverbe chinois, faisaient des routes et des ponts ; les Tang des tours ; les Ming, des pagodes[1].

La tour qu’on construisait en dehors des murs de Tchao-King se nommait la tour Fleurie. Elle devait avoir neuf étages, et déjà elle était élevée jusqu’au second. On avait aussi le projet de bâtir, non loin de la tour, une pagode magnifique, dont on avait achevé les fondements et les principales charpentes, l’autel majeur devait être dédié à Bouddha et l’autre à Confucius. La tour Fleurie s’élevait sur la rive d’une belle rivière, continuellement animée par le passage d’une foule de jonques de toute forme et de toute dimension, qui transportaient dans les provinces intérieures les marchandises de Canton. La campagne était riche et parsemée de nombreuses fermes aux toits recourbés. Les bosquets de bambous, les bananiers aux larges feuilles, les papayers avec leurs énormes fruits jaunes réunis en grappe au sommet du tronc, les orangers,

  1. Empire chinois, t. II, p. 127.