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mense concours de peuple, qui voyait sans doute pour la première fois ces curieux étrangers auxquels ils ne tardèrent pas à donner le sobriquet de diables occidentaux[1].

Lorsque les emplettes commandées par le vice-roi furent prêtes, on se hâta de les lui envoyer par le même Matthieu Pénella mais le P. Roger ne put l’accompagner, à cause d’une maladie assez grave dont il fut atteint quelques jours avant le départ. Ce zélé missionnaire fut d’autant plus peiné de ce contre-temps, qu’il avait le projet d’offrir au vice-roi une horloge fort belle que le P. Ricci avait apportée de Goa. Le gouverneur des deux Kouang parut tout attristé en apprenant la maladie du P. Roger mais lorsqu’il entendit parler de cette merveilleuse machine qui, par le moyen d’un ingénieux système de rouages, allait d’elle-même et marquait les heures avec une admirable précision, il fut soudainement tourmenté du désir de voir et de posséder cette horloge. En conséquence, il donna ordre à son secrétaire d’écrire immédiatement à Macao une dépêche par laquelle il invitait le P. Roger à venir le trouver à Tchao-King, lorsque l’état de sa santé le lui permettrait.

L’arrivée de cette dépêche à Macao fut tout un événement pour la petite colonie portugaise, et les transports de joie éclatèrent de toutes parts, surtout à la maison des pères jésuites. La dépêche du vice-roi accueillait favorablement la requête que le P. Roger lui avait adressée lors de sa première visite, et les religieux étaient officiellement autorisés, par patente,

  1. Yang-Koui.