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Depuis que les Portugais avaient découvert par mer le Catay de Marco-Polo et des missionnaires du moyen âge, plusieurs années s’écoulèrent avant qu’ils pussent établir d’une manière régulière des rapports politiques et commerciaux avec ce peuple soupçonneux et jaloux. Les dispositions peu favorables des Chinois étaient fomentées par les musulmans résidant à Canton, qui leur dépeignaient les Francs comme une race entreprenante et audacieuse, dont la puissance irrésistible tendait à subjuguer tous les peuples. Cependant, le goût du commerce et la soif du lucre agit insensiblement sur l’esprit des Chinois ; leur répugnance s’affaiblit, et, après avoir permis à ces dangereux étrangers de venir vendre et acheter à Sancian, ils finirent par les autoriser à se rendre à Canton, mais à la condition que ce ne serait que durant une certaine saison de l’année. Ce temps écoulé, le marché de Canton serait fermé, et les Européens devraient remonter aussitôt à bord de leurs navires, et s’en retourner dans les Indes avec leurs bagages.

Ce mode de trafiquer dura plusieurs années, jusqu’au moment où les Portugais trouvèrent une occasion de jeter les fondements d’un établissement moins précaire. Un pirate, devenu puissant par ses brigandages, s’était emparé, non loin de Canton, d’une île importante nommée Ngao-Men, d’où il tenait bloqués les ports principaux de la Chine. Dans leur détresse, les mandarins firent appel aux Portugais, qui avaient quelques vaisseaux à Sancian ; ceux-ci accoururent, livrèrent bataille an pirate et remportèrent sur sa marine une victoire complète. L’empereur, informé du service signalé que les étrangers venaient de rendre à l’em-