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rent déchirés par les canons et il fut forcé de s’enfuir dans la ville de Calicut. Les Francs le poursuivirent par mer, car la ville est bâtie sur le rivage ; ils s’emparèrent de sa personne, coulèrent ses navires et ruinèrent la ville à coups de canon.

« Après cette guerre, le chef des Francs alla trouver un autre roi infidèle, sur la côte de Malabar. Il lui demanda un lieu dans sa ville, nommée Cananor, où il leur fût permis de faire librement le commerce et de revenir tous les ans avec les hommes de sa nation. Ce roi les reçut avec joie, les traita libéralement et leur assigna dans sa ville un terrain et une vaste maison. Le chef chrétien lui fit cadeau, en retour, de magnifiques habits brodés d’or et de pièces d’étoffe de pourpre. Peu de temps après, ayant pris une grande cargaison d’épices, il s’en retourna dans son pays.

« Il y a actuellement en la ville de Cananor une vingtaine de Francs. Lorsque nous arrivâmes dans cette ville indienne nous leur fîmes savoir que nous étions chrétiens et nous leur indiquâmes nos titres et notre qualité. Ils nous accueillirent avec grande allégresse, nous donnèrent de leurs habits et vingt drachmes d’or, voulant ainsi, à cause du Christ, rendre hommage à notre mission. Nous demeurâmes deux mois et demi auprès d’eux, et, à certains jours déterminés, ils nous demandaient de célébrer les saints mystères. Ils possèdent un oratoire où ils vaquent à la prière. Leurs prêtres font tous les jours les cérémonies saintes de l’oblation et du sacrifice ; telle est leur habitude. Aussi, le jour du Seigneur, après que leur prêtre avait célébré, nous étions admis à faire également nos saints offices ; ce spectacle réjouissait les yeux.