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d’habitants. Mais si les villes sont moins peuplées et moins marchandes, elles sont plus propres aux travaux apostoliques, car il y a moins de corruption et de vices. En outre, ce royaume est la porte d’une infinité d’autres plus grands de la même secte et où l’on parle à peu près le même langage. »

Ces dernières observations du P. d’Andrada sont d’une remarquable exactitude ; malheureusement sa relation s’arrête là, et nous sommes privés de renseignements ultérieurs sur l’état de cette mission naissante. Cependant l’histoire tartare de cette époque nous permet de conjecturer que ses succès, d’abord considérables, furent la cause de sa ruine, par la jalousie qu’ils excitèrent dans la classe des lamas. Le prince protecteur des missionnaires perdit lui-même la vie dans une révolution que son attachement au christianisme avait suscitée. Tout porte à croire qu’il s’était fait chrétien, ou du moins qu’il avait complétement rompu avec le bouddhisme, et qu’il manifestait hautement sa résolution de se faire baptiser. D’après les historiens tartares, ce prince se nommait Tsan-Pa-Han, et c’est peut-être son nom qui, par une mauvaise transcription, a servi à désigner la ville qu’il habitait ; car Caparangue ne se trouve indiqué dans aucune géographie. Les États de Tsan-Pa-Han étaient situés à l’ouest de Lha-Ssa, et comprenaient une grande partie du Thibet jusqu’aux sources du Gange. Les historiens tartares disent que ce prince avait abandonné la loi des lamas, qu’il voulait la détruire pour y substituer une religion étrangère, et que, pour cette raison, le typa, ou premier ministre gouverneur du royaume, s’entendit avec le Télé-lama, souverain pontife boud-