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bien et de mal. Le loup commet un péché en tuant la brebis ; le chat en mangeant la souris l’araignée en étouffant la mouche… « Ne voyez-vous pas, dit-il, le tigre préférer la chair à l’herbe, tandis que les moutons périraient de faim auprès d’un cadavre ? Qui apprend aux animaux à fuir les passants qui peuvent les prendre ou les tuer ?… »

Le P. d’Andrada se contente de nous dire, dans sa lettre, que, muni des armes de la religion, il lui fut aisé de réfuter les subtilités des lamas d’une manière victorieuse[1]. Il est à regretter qu’il ne nous ait pas laissé sur ces conférences si intéressantes des détails plus circonstanciés. Les naturels du Thibet, dit-il en terminant sa relation, ont beaucoup de piété et de douceur. Depuis plusieurs mois que je suis parmi eux, je n’ai entendu parler d’aucune contestation. Ils ont presque toujours le chapelet à la main, et s’entretiennent volontiers des choses du ciel. Ils sont très-civils, et traitent les étrangers avec la plus grande affection. Les femmes sont continuellement occupées à filer ou bien à ourdir de la toile ; quelques-unes cultivent même la terre. La reine partage son temps entre la prière et le travail ; son occupation favorite est de filer. Les hommes travaillent peu, parce que dans l’été la plupart vont à la guerre ; et quand ils n’y vont pas, ils s’exercent chez eux à tirer de l’arc, au maniement des armes, à la lutte, à laquelle ils sont fort adroits. L’unique désagrément que nos missionnaires trouveront ici, c’est le défaut de population, en comparaison de l’Hindoustan, qui regorge

  1. Relation, p. 68.