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le voyant inaccessible à la crainte, essayèrent d’employer des moyens de persuasion. Ils l’engagèrent à venir passer quelque temps dans leur monastère espérant que la retraite, la méditation et la prière apporteraient un changement dans ses idées. Le prince consentit à aller vivre pendant deux mois chez son frère, qui était le grand lama du monastère bouddhique le plus renommé de la contrée. Lorsqu’on le crut suffisamment prémuni contre la religion des étrangers, on fit proposer au P. d’Andrada une conférence publique, pour discuter, en présence du roi, sur le mérite du bouddhisme et du christianisme.

Les conférences furent nombreuses. On disserta principalement sur la nature de Dieu et sur le système de la métempsycose. D’après d’Andrada, les lamas admettaient un Dieu à la fois triple et unique. Les noms des trois personnes de la trinité divine signifiaient source ou origine pour la première personne ; livre par excellence pour la seconde ; intention et amour pour la troisième. Le dogme de l’incarnation était un des principaux points de leur symbole. Quant à la métempsycose, les lamas admettaient que Dieu ayant créé toutes choses dès le commencement, ne crée plus rien ; il y a seulement des renouvellements, des transformations. Le monde contient une certaine quantité d’âmes qui, selon leurs bonnes ou mauvaises actions, transmigrent dans des corps plus ou moins parfaits. D’Andrada ayant objecté que, d’après cette doctrine, il faudrait admettre dans les animaux un discernement parfait et le libre arbitre, un docteur émérite lui répondit que les animaux étaient doués d’intelligence, et par conséquent capables de