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les expédia promptement au docteur Paul. Ce zélé chrétien, le premier homme d’État et l’un des plus grands écrivains de son époque, passa la nuit à composer une réfutation de ces requêtes et une apologie du christianisme, afin de les avoir toutes prêtes à être présentées à l’empereur lorsque le moment serait venu. Il envoya ensuite à la cour des rites un de ses disciples, mandarin plein de finesse et d’habileté, pour prévenir le président de cette cour des intrigues tramées par ses subordonnés, lui faire connaître la vérité et l’engager à ne pas favoriser les démarches haineuses de son assesseur Kio-Tchin.

Le président fit donner au docteur Paul l’assurance de tout son dévouement ; mais ayant peur de paraître moins zélé que son assesseur, il s’empressa de rédiger un mémoire où il déclarait que les plaintes de Kio-Tchin étaient justes et conformes au bien de l’État ; que pour lui il croirait faire une action louable et commandée par les devoirs de sa charge si, sans même attendre les ordres de l’empereur, il expulsait les étrangers de toutes les provinces de l’empire. Il exceptait pourtant de cette mesure ceux qui résidaient à Péking, « parce que, disait-il, ces hommes y étaient trop puissamment protégés. » Par ces dernières paroles le président de la cour des rites semblait jeter indirectement le blâme sur les hauts fonctionnaires qui favorisaient les missionnaires et sur l’empereur lui-même.

Les requêtes du président et de son assesseur furent envoyées en même temps à la cour le 15 août 1616, et le 20 du même mois des courriers extraordinaires partirent de Péking à franc étrier pour porter dans toutes