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était tout dévoué. Comme les questions religieuses préoccupaient par-dessus tout cette intelligence d’élite, dès sa première entrevue avec son parent le docteur Léon, il entama une discussion sur le bouddhisme et le christianisme. Elle se continua plusieurs jours de suite avec une égale ardeur de part et d’autre. Enfin le sectateur de Bouddha, qui recherchait la vérité avec droiture et sincérité de cœur, fut frappé de la différence immense qui existait entre les deux religions en litige. D’un côté il voyait d’innombrables superstitions, des divinités multiples et des croyances incohérentes variant à l’infini, selon l’influence des bonzes et des localités ; de l’autre, au contraire, il trouvait un seul Dieu, une seule doctrine, un seul sacerdoce, un seul culte. Cette admirable unité subjugua son esprit, et il n’hésita pas à se déclarer chrétien. Après s’être suffisamment instruit des mystères de la religion, il fut baptisé sous le nom de Michel, congédia les bonzes qu’il avait à son service et convertit sa pagode en chapelle catholique.

Par cette importante conversion les chrétiens chinois comptaient dans leurs rangs trois des docteurs les plus célèbres de la corporation des lettrés : c’étaient les docteurs Paul, Léon et Michel, qui, durant leur vie entière, se signalèrent par un zèle ardent pour la propagation de la foi et par un dévouement sans bornes envers les missionnaires. La grande réputation de science et d’honnêteté dont ils jouissaient dans l’empire, surtout parmi les mandarins et les lettrés, attirait à la religion et à ses ministres des adhésions solennelles et qui ne s’étaient jamais manifestées jusque-là. Les bacheliers de plusieurs villes formèrent des