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deux hémisphères. La découverte de la boussole avait déjà porté ses fruits ; les marins, devenus plus hardis depuis qu’ils étaient en possession d’un moyen sûr de s’orienter, osèrent enfin lancer leurs vaisseaux bien loin de terre et se frayer une route à travers les immenses plaines de l’Océan.

Après une longue et courageuse navigation le long des côtes d’Afrique, Diaz était rentré dans le port de Lisbonne, en décembre 1487. Comme il racontait en présence de la cour les péripéties de son curieux voyage, il dit qu’à l’extrémité de l’Afrique il y avait un cap si fameux par ses tempêtes, qu’il lui avait donné le nom de cap des Tourmentes. « Non, s’écria Jean II, je veux qu’il s’appelle le cap de Bonne-Espérance, pour servir d’heureux présage aux avantages qu’on doit retirer un jour de cette grande découverte. »

Dix ans plus tard, cette bonne espérance du roi Jean II commençait à se réaliser. Un homme d’un génie profond et d’un rare courage allait doubler le cap des Tourmentes, où s’était arrêté Diaz, et découvrir par mer les Indes et la Chine. On remarquait à cette époque, non loin de Lisbonne, une chapelle rustique ; l’infant don Henri l’avait fait bâtir sur le bord de la mer en l’honneur de la sainte Vierge, afin d’animer la dévotion des matelots et d’attirer sur eux la protection de la mère de Dieu. Un jour, vers la fin de juillet 1497, on vit agenouillés dans cet hermitage, au pied de la statue de la Vierge, plusieurs hommes dont le teint basané et la physionomie énergique témoignaient qu’ils n’avaient pas toujours vécu dans l’oisiveté et la mollesse. Ils passèrent la nuit en prières ; et