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prit et de corps, des parfums sacrés à l’autel du Seigneur du ciel ; il récitait d’ardentes prières pour la santé et la prospérité de Votre Majesté.

« Moi, Jacques Pantoja, et mes autres compagnons, nous sommes d’un royaume étranger… Comment donc oserions-nous espérer plus qu’il n’appartient à notre petitesse ? Ce nous est une grande tristesse de ne posséder pas un peu de terre pour inhumer notre confrère défunt. C’est pourquoi nous vous supplions avec d’abondantes larmes de daigner nous octroyer une place pour ensevelir le corps d’un homme étranger. Nous qui lui survivons, nous observerons toujours fidèlement les pratiques de notre confrère ; nous prierons le Seigneur du ciel d’accorder à votre mère et à vous mille ans de vie afin que nous puissions jouir, comme de très-petites fourmis, de la paix, de la consolation et du repos de votre grand empire… Nous attendons humblement une réponse impériale. »

Cette requête dut être apostillée, selon l’usage, par le ministre des finances. L’empereur, après en avoir pris connaissance, la renvoya au président de la cour des rites, avec ordre de lui faire un rapport sur cette affaire. Ce rapport a été conservé, et nous allons en donner la traduction, parce qu’il est bien propre à faire connaître le style et les formes de la chancellerie chinoise. Après avoir reproduit tout au long la requête que nous venons de citer, le président de la cour des rites continue ainsi :

« Votre Majesté ayant ordonné que la cour compétente jugeât de cette cause, elle est parvenue à ma connaissance. J’ai compulsé les lois et ordonnances de l’empire, j’en ai trouvé une de cette