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c’est qu’on lui enleva son journal de voyage, où se trouvaient sans doute, sur les pays qu’il avait parcourus, des notions précieuses et du plus vif intérêt. Les quelques détails que nous avons rapportés ont été recueillis par le P. Ricci de la bouche même de l’Arménien Izaac, qui continua sa route jusqu’à Péking en compagnie du frère Ferdinand. Cet infatigable compagnon du P. Goès se reposa un mois auprès du P. Ricci, puis il reprit son bâton de voyageur et traversa l’empire chinois tout entier du nord au sud jusqu’à Macao. De là il s’embarqua pour les Indes ; chemin faisant il fut pris et fait prisonnier par un corsaire hollandais ; les Portugais de Malacca le rachetèrent, et lui fournirent les moyens de retourner, après mille vicissitudes, auprès des missionnaires qui l’avaient choisi pour accompagner le P. Goès. Aujourd’hui on est plein d’admiration pour ceux qui ont pu surmonter quelques difficultés en parcourant les pays étrangers, mais que sont-ils en comparaison de ces hommes d’autrefois, dont la constance et l’énergie étaient toujours invincibles et que la mort seule pouvait abattre ?


V.


À la même époque où le P. Goès terminait sa laborieuse carrière aux frontières de l’empire chinois, un autre missionnaire rendait aussi son âme à Dieu dans la mission de Nan-Tchang-Fou, où il avait résidé pendant plus de dix ans : c’était le P. Soerius, dont le zèle tout apostolique avait amené à la connaissance du