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ne voulaient lui vendre qu’à un prix exorbitant le privilège de continuer sa route à force de sacrifices. Il obtint pourtant la permission d’aller jusqu’à Sou-Tcheou, ville importante du Kan-Sou, mais encore éloignée de Péking de plus de trois mois de marche. Ayant eu à Sou-Tcheou de nouvelles difficultés avec les mandarins, il prit le parti d’écrire au P. Ricci pour le prévenir de son arrivée et le prier de lui obtenir, par son crédit, l’autorisation d’aller le rejoindre dans la capitale de l’empire. Malheureusement ces lettres n’arrivaient pas à leur destination, et le P. Goès se morfondait à Sou-Tcheou dans une longue et douloureuse attente. De leur côté les missionnaires de Péking étaient en proie à de cruelles inquiétudes, car ils avaient appris, par une lettre du supérieur de la mission des Indes, que le P. Goès en était parti au mois de février 1603 pour aller les rejoindre. En 1606 on n’avait encore reçu aucune nouvelle de cette périlleuse expédition.

Au mois de novembre de la même année une lettre du P. Goès arriva enfin à la résidence des missionnaires de Péking. On comprend quelle fut leur joie en apprenant que cet intrépide confrère, qu’ils croyaient mort depuis longtemps, était dans la province du Kan-Sou, et qu’ils pourraient bientôt recueillir de sa bouche les détails intéressants de cette mémorable pérégrination. Le P. Ricci s’empressa de lui envoyer le frère Ferdinand, jeune Chinois qui avait fait son noviciat à Péking et était entré dans l’ordre des Jésuites. Il était accompagné de quelques néophytes qui devaient faire au missionnaire une petite escorte et l’emmener à Péking. Le P. Ricci avait pensé que, pour plus de sé-