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Les marchands voulurent partir immédiatement, pour fuir au plus tôt ce repaire de bandits. Le gouverneur étant vivement intéressé à empêcher les révoltés de s’emparer des chevaux de la caravane, n’hésita pas à l’accompagner avec une nombreuse milice. À peine fut-on éloigné des murs de la ville, qu’on vit apparaître au loin de fortes bandes de Tartares, qui avançaient d’un air menaçant. À ce spectacle, le gouverneur de Samarkand courut en toute hâte avec ses soldats se cacher dans la ville. Les marchands, empêchés par l’énorme quantité de leurs bagages, ne purent adopter la tactique des militaires indiens. Ils songèrent donc à repousser vaillamment l’attaque de l’ennemi. Ayant réuni tous leurs ballots de marchandises, ils en firent des barricades, derrière lesquelles ils se retranchèrent, avec un amas considérable de cailloux qui devaient leur servir de projectiles lorsque les flèches de leurs carquois seraient épuisées. À la vue de ces soudaines fortifications, les Tartares envoyèrent des parlementaires pour donner l’assurance à la caravane que, bien loin de venir dans un but d’agression, ils étaient au contraire disposés à les accompagner pour les défendre contre toute attaque. Ces protestations étaient évidemment trop bienveillantes pour qu’on pût s’y fier.

Pendant que les parlementaires s’en retournaient vers leur camp, les marchands tinrent conseil entre eux, et décidèrent bravement qu’il fallait profiter de cet instant de trêve et s’enfuir comme on pourrait. À peine prise cette résolution fut exécutée, et il y eut un grand sauve qui peut. Les marchands s’esquivèrent dans les bois voisins, abandonnant leurs mar-