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sion et de s’en retourner avec l’escorte. Le marchand Démétrius fut forcé, à cause de son négoce, de s’arrêter longtemps dans le Caboul, de sorte que le P. Goès se trouva réduit à n’avoir plus qu’un seul compagnon de voyage, l’Arménien Izaac. Mais ce néophyte aimant le missionnaire d’une tendresse toute filiale, son dévouement était sans bornes et son courage inébranlable.

Après sept mois d’attente dans le Caboul, une caravane de marchands s’était enfin organisée. Le P. Goès se remit en route, accompagné de son fidèle Izaac. Les chemins ne présentèrent d’abord que peu de difficultés ; mais à mesure qu’on avançait, les dangers et les fatigues augmentaient aussi ; bientôt on ne trouva plus devant soi que des montagnes escarpées, de grandes rivières et des torrents impétueux qu’il fallait franchir au péril de ses jours. La crainte des voleurs ne tarda pas à se joindre aux nombreux dangers de la route. La caravane venait de camper non loin de Samarkand[1], lorsque le gouverneur de la ville fit prévenir les voyageurs qu’une horde de Tartares s’était révoltée et désolait le pays par le pillage et la dévastation. Il les engageait à se retirer dans la ville pour se mettre en sûreté, leur promettant de les escorter lui-même avec ses soldats et de les mettre à l’abri de toute attaque. Les Tartares révoltés n’ayant pas de chevaux à leur disposition, il craignait qu’ils ne s’emparassent de ceux de la caravane et qu’ils ne devinssent ainsi dans la suite plus redoutables pour la contrée.

  1. Samarkand, à l’est de Boukhara, fut la capitale du vaste empire de Tamerlan.