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térieur, afin de se former, en la compagnie des missionnaires, à la vie apostolique. Le recteur de Macao l’ayant rappelé depuis quelque temps, il arrivait à Canton au milieu de l’affreux désordre que nous venons de raconter. Martinez était tourmenté par une fièvre violente. Au lieu de continuer sa route jusqu’à Macao, il voulut s’arrêter un peu chez les chrétiens de Canton pour se reposer et attendre que les affaires prissent une tournure plus pacifique.

Un néophyte devenu apostat, et par conséquent furieux ennemi des chrétiens, ayant appris l’arrivée du frère Martinez, alla le dénoncer au grand chef maritime en disant que ce Martinez était le lieutenant et l’espion du P. Cataneo, le prétendant à l’empire, qu’il avait été préparer l’insurrection dans l’intérieur et qu’il arrivait pour tracer la route aux armées étrangères attendues à Macao. Le grand chef maritime, qui cherchait à se disculper aux yeux du peuple de la démolition des faubourgs, fut enchanté de recevoir une semblable accusation, et envoya ses satellites s’emparer, pendant la nuit, du frère Martinez. Ce pauvre conspirateur était dans son lit, accablé par un violent accès de fièvre. Il fut contraint de se lever, ainsi que les autres chrétiens de la maison. On leur lia les mains derrière le dos, et on les conduisit, à la lueur des torches et avec d’horribles vociférations, jusqu’au tribunal du Haï-Teou. Aussitôt qu’ils furent arrivés, on les appliqua tous à la torture, c’est-à-dire qu’on leur pressa étroitement les pieds entre deux poutres et qu’à chaque question les bourreaux frappaient sur les poutres à coups de gros maillets. Le frère Martinez endura hé-