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présailles, ils allèrent saccager le palais des mandarins, et se saisirent du principal agent de la sédition, qu’ils emprisonnèrent dans le collége, après l’avoir accablé de coups de bambous. Les magistrats de la ville voisine, nommée Hian-Chan, Montagne des Parfums, se concertèrent avec l’autorité portugaise, et l’ordre fut rétabli.

Cependant le feu couvait toujours sous la cendre, et un lettré trouva moyen de rallumer l’incendie. Il publia un écrit sur la future invasion des étrangers. Dans ce roman plein de fiel et de malice, le P. Cataneo était toujours représenté comme prétendant à l’empire. Il avait visité à dessein les principales villes de la Chine, depuis Macao jusqu’à Péking. Les routes par terre et par eau lui étaient parfaitement connues, il savait la langue chinoise, et durant plusieurs années il s’était habitué aux mœurs et aux usages du pays. Il avait déjà dans l’intérieur un grand nombre de partisans, et il n’attendait plus pour agir que l’arrivée d’une flotte considérable partie depuis longtemps de l’Occident. Les Japonais et les Malais de la Sonde devaient être ses auxiliaires. Ces armées formidables allaient arriver au premier jour, et c’en était fait des pauvres Chinois de Macao ; le peuple aux cheveux noirs serait réduit en servitude et le royaume des Fleurs tomberait entre les mains des barbares. Ce livre, répandu avec profusion et dévoré par la multitude, excita une terreur panique parmi la population de Macao. Chacun fit ses malles et ses paquets, et bientôt toutes les familles chinoises, hommes, femmes et enfants, tout disparut et se sauva à Canton. La mer était sillonnée de jonques faisant le sauvetage de ce mal-