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qu’elle venait de l’étranger et que les ancêtres ne l’avaient pas connue.

Cependant il y avait aussi quelques âmes privilégiées qui, avec la grâce de Dieu, avaient la force de passer par-dessus ces absurdes préjugés nationaux, d’étudier sérieusement cette doctrine de salut de s’y attacher, de renoncer aux superstitions et de suivre sincèrement la loi de l’Évangile. Tchao-Tcheou, Nan-Tchang-Fou, Nanking et Péking voyaient le nombre des croyants augmenter de jour en jour. Ces chrétientés naissantes rappelaient, par le zèle et la ferveur dont elles étaient animées, le touchant tableau des fidèles de la primitive Église, qui n’avaient tous qu’un cœur et qu’une âme.

Les premiers adorateurs du Sauveur des hommes avaient été des bergers, de même, en Chine, ceux qui tout d’abord embrassèrent le christianisme furent des gens simples et rustiques ; mais les néophytes ne tardèrent pas à se recruter aussi dans tous les rangs de la société. Des mandarins de tout ordre et des lettrés fameux se mêlèrent aux pauvres, aux humbles et aux ignorants, et vinrent humilier au pied de la croix l’orgueil des richesses, des dignités et de la science. De nombreuses chapelles furent construites dans les villes et dans les villages, et, après un long silence de plusieurs siècles, cette terre retentissait de nouveau des louanges du vrai Dieu. Les cérémonies du culte catholique se faisaient partout avec pompe, surtout celles du baptême des adultes. On avait établi l’usage que le catéchumène, avant de recevoir le premier sacrement, fît amende honorable des péchés de sa vie antérieure.