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fuser au peuple ce qu’il vous demande ? — Vous le savez, dit le missionnaire, toutes les fois qu’on a réclamé des contributions dans un but utile et conforme à ma conscience, pour soulager les pauvres, réparer les routes, construire des ponts et paver des rues, je n’ai pas manqué de générosité ; mais aujourd’hui ce serait outrager mon Dieu que de faire une offrande à votre idole. — Le lettré, qui savait bien que le refus du P. Lombard ne provenait pas d’avarice, lui dit : Nous comprenons vos scrupules ; mais il y a un moyen de tout concilier. En donnant votre offrande, ne pensez pas à l’idole, dirigez votre intention vers le peuple… Le P. Lombard ne voulant pas admettre la subtile distinction du casuiste chinois, la procession s’en retourna en vociférant des injures et des malédictions contre les diables occidentaux. Les chrétiens de Chine sont perpétuellement exposés à des tracasseries de ce genre, et lorsque les mandarins ne leur sont pas favorables, ce ne sont pas seulement des malédictions et des injures qu’ils ont à redouter, mais la spoliation, la prison et la cangue.

Une persécution bien pénible pour le P. Lombard et ses néophytes, et qui paralysa quelque temps les progrès de la mission, fut suscitée d’une manière assez bizarre et à laquelle on était assurément très-loin de s’attendre. C’était, jour de foire à Tchao-Tcheou. En Chine, comme ailleurs les foires attirent un concours considérable non-seulement de vendeurs et d’acheteurs, mais encore une foule de gens dont la promenade et les divertissements sont l’unique but. Les foires chinoises sont très-bruyantes, pleines d’animation, à cause du grand nombre de saltimbanques, de