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Lorsque les chrétiens des environs apprirent la nouvelle de ce désastre, ils se cotisèrent spontanément et se mirent aussitôt à l’œuvre pour reconstruire la maison de leurs malheureux frères. Ils apportèrent les matériaux nécessaires et travaillèrent eux-mêmes à la construction. On vit, en quelques jours, une maison plus belle que la première sortir, comme par enchantement, de ces ruines encore fumantes. Elle fut ornée, par les dons volontaires des néophytes, de nouveaux meubles et de tous les ustensiles de ménage, de sorte que les païens purent admirer combien le feu de la charité chrétienne avait eu d’activité pour réparer ce que les flammes de l’incendie avaient consumé.

Les habitants de Tchao-Tcheou et des villages environnants connaissaient la religion chrétienne et voyaient les beaux exemples de dévouement dont elle était la source. Quelques âmes d’élite allaient tous les jours grossir le nombre des serviteurs de Dieu, mais les masses demeuraient insensibles. Il n’y avait pas d’entraînement religieux : les Chinois en paraissent incapables. L’indifférentisme et la superstition, deux choses qui paraissent inconciliables et qui pourtant vont très-bien ensemble, les tenaient éloignés du christianisme. Ces hommes, sceptiques au suprême degré, ne peuvent pas se défaire d’une foule de pratiques ridicules et extravagantes, auxquelles cependant ils ne croient pas le moins du monde. Ce n’est pour eux qu’une manifestation extérieure et purement mensongère. Ils observent ces superstitions antiques sans y ajouter foi. Ce qui a été fait dans les temps passés, ils tiennent à le pratiquer encore et toujours, par la