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nord de la grande muraille, dans la Tartarie mongole.

Après trois jours de détention au palais des étrangers, les missionnaires furent avertis qu’ils seraient admis à rendre hommage à l’empereur, conformément aux rites établis pour les réceptions des ambassadeurs. Cette cérémonie a lieu ordinairement dans une salle immense, qui, au dire des Chinois, peut contenir au moins trente mille personnes. De nombreux satellites, aux vêtements bariolés de toutes couleurs, sont placés à l’entour, armés de piques, de grands sabres et d’instruments aux formes les plus bizarres et les plus menaçantes. Des éléphants, venus du royaume de Siam et montés par des cornacs fièrement équipés, en gardent les quatre portes principales. Au fond de la salle est un trône magnifique, où s’étale dans toute sa pompe Sa Majesté Chinoise, entourée des princes impériaux, des ministres d’État, des présidents des six cours souveraines et des plus hauts fonctionnaires civils et militaires. Leurs riches vêtements de soie, brodés d’or et d’argent, donnent à ces brillantes parades tout le prestige des pompes orientales. Pendant qu’une musique d’équivoque harmonie ébranle cette vaste salle du trône, ceux qui sont appelés à rendre hommage à l’empereur, se mettent solennellement à genoux et frappent trois fois la terre du front ; puis ils se relèvent à un signal donné, et se prosternent de nouveau, pour frapper encore la terre du front ; enfin, ils se relèvent et recommencent pour la troisième fois cette agréable cérémonie. Tout bien compté, on se prosterne trois fois et on frappe neuf fois la tête contre le pavé du temple impérial, pendant