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pagné de l’eunuque. Le vice-roi désira voir sa requête à l’empereur, et ne l’ayant pas trouvée à son gré, il en rédigea une autre lui-même, et fit en outre diverses lettres pour recommander le P. Ricci à plusieurs de ses amis qui occupaient à Péking des charges importantes. Les protecteurs, comme on le voit, ne manquaient pas aux missionnaires, et, à ne considérer les choses qu’au point de vue humain, leur entreprise ne pouvait manquer de réussir.

Au moment où on était sur le point de lever l’ancre, le vice-roi vint en grand appareil rendre sa visite au P. Ricci et lui souhaiter dix mille prospérités puis la petite escadre se remit en route. L’eunuque complimenta les missionnaires sur les succès qu’ils venaient d’obtenir ; il redoublait de soins, d’amabilités, et semblait craindre de voir trop tôt finir un si charmant voyage. Après quelques jours, on arriva à un port ou se tenait, comme en embuscade, un terrible eunuque nommé Ma-Tang, dont les exactions et les brigandages désolaient la province de Chan-Tong. Aussitôt que les six jonques eurent mouillé, l’aimable conducteur des missionnaires descendit à terre, et bientôt le P. Ricci reçut l’ordre de se présenter à l’eunuque Ma-Tang, et de faire débarquer les présents destinés à l’empereur, parce qu’ils devaient être examinés. Le conducteur des missionnaires, cet homme qui depuis le départ de Nanking s’était toujours montré si bon et si dévoué, n’était au fond qu’un traître et un scélérat. Après avoir vanté à l’eunuque Ma-Tang les richesses des étrangers et excité sa convoitise, il avait profité du moment où le P. Ricci était à terre pour faire débarquer ses bagages et les gens de sa suite, puis il