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clésiastiques furent subordonnés à l’autorité du souverain pontife qu’il venait de créer.

Cent ans plus tard, le lamaïsme subit des changements importants ; il donna à son culte la forme extérieure qu’on lui voit encore aujourd’hui et qui présente des analogies si frappantes avec la liturgie catholique. La réforme lamaïque prit naissance dans la contrée d’Amdo, au sud du Koukou-Noor, où nous avons séjourné durant six mois, lors de notre voyage au Thibet, en 1845. Ce pays, habité par les Si-Fans, est d’un aspect triste et sauvage. L’œil ne découvre de tous côtés que des montagnes d’ocre rouge ou jaune, presque sans végétation, et sillonnées en tous sens par de profonds ravins. Cependant, au milieu de ce sol stérile et désolé on rencontre quelquefois des vallées assez abondantes en pâturages, où les tribus nomades conduisent leurs troupeaux. Voici la curieuse légende que nous avons recueillie sur les lieux mêmes au sujet du réformateur du lamaïsme[1].

Vers le milieu du quatorzième siècle de notre ère, un pasteur de la contrée d’Amdo, nommé Lombo-Moke, avait dressé sa tente noire au pied d’une montagne, tout près de l’ouverture d’un large ravin au fond duquel serpentait sur un lit rocailleux un ruisseau assez abondant. Lombo-Moke partageait avec son épouse Chingtsa-Tsio les soins de la vie pastorale. Ils ne possédaient pas de nombreux troupeaux : une vingtaine de chèvres et quelques yaks ou

  1. La plupart, de ces détails ont été déjà publiés dans le tome second de notre Voyage au Thibet. Les conséquences que nous en tirons acquièrent encore une plus grande évidence après les documents historiques que nous venons d’exposer.