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tagne, à une des extrémités de la ville, en dehors des remparts. Sur les flancs de la montagne il y avait de magnifiques habitations où résidaient les « littérateurs célestes, » car c’est ainsi que les Chinois désignent les astronomes. Pendant la nuit tout entière, ils devaient faire sentinelle à tour de rôle au haut de l’observatoire, surveiller la conduite des astres et avertir l’empereur des phénomènes extraordinaires qui se présentaient. Lorsque le P. Ricci visita l’observatoire de Nanking, il ne fut pas peu surpris d’y trouver des sphères en métal et de grandeur colossale, des cadrans, des astrolabes et plusieurs instruments de mathématiques qui, quoique essentiellement défectueux, accusaient néanmoins de véritables notions scientifiques dans ceux qui les avaient fabriqués. Les Chinois assuraient que ces curieuses machines remontaient au temps de l’occupation mongole, c’est-à-dire au treizième siècle. Il est très-probable que ce furent encore des étrangers, des Européens ou des Arabes, qui furent les auteurs de ces ouvrages remarquables. L’observatoire de Péking avait aussi des instruments semblables à ceux de Nanking, de la même matière et de la même dimension. Le P. Ricci était convaincu qu’ils avaient été faits à la même époque et par la même personne.

Le P. Ricci ne tarda pas à exercer une influence remarquable sur l’esprit de la haute classe de Nanking ; il était en quelque sorte de mode d’être son partisan et son apologiste. Les lettrés en particulier n’hésitèrent pas à se déclarer pour lui, parce que, dans ses discours, il attaquait avec un succès complet les doctrines des bonzes et des docteurs de la raison (Tao-Sse), et que, d’autre part, il professait toujours un profond