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tissements où les pétards et les feux d’artifice jouent toujours le plus grand rôle.

Les Chinois ont toujours été passionnés pour la poudre, dont ils connaissaient l’usage longtemps avant les Européens ; mais leur goût est moins prononcé pour la poudre de guerre que pour celle des feux d’artifice. Ayant été artificiers avant d’être artilleurs, on voit que leur première inclination ne s’est pas démentie, et que dans leur estime le pétard l’emporte de beaucoup sur le canon. Il entre dans toutes les fêtes, dans toutes les solennités. Les naissances, les mariages, les enterrements, les réceptions de mandarins, les réunions des amis, les représentations théâtrales, tout cela est animé, vivifié par des détonations fréquentes. Dans les villes, les villages même, à chaque instant du jour et de la nuit, on est sûr de voir quelque fusée ou d’entendre quelque pétard. On dirait que l’empire chinois n’est qu’une immense fabrique de pyrotechnie. Dans les hameaux les plus pauvres et les plus dépourvus des choses nécessaires à la vie, on est toujours assuré de trouver au moins à acheter des pétards[1].

Les trois jours de fête que donna le président du Li-Pou furent d’une splendide magnificence. Le P. Ricci n’en fut point un des ornements les moins curieux. Les hauts dignitaires des six cours souveraines parurent heureux de faire connaissance avec le savant étranger dont ils avaient vu les cartes de géographie et lu les livres de mathématique et de morale.

Le jour même où le P. Ricci rentra dans la modeste

  1. Empire chinois, t. I, p. 318.