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mense population de cette grande ville doit être alimentée par les produits qui arrivent du dehors. Le gouvernement entretient de nombreuses jonques pour le transport des revenus impériaux, et les marchands ont la faculté de les affréter souvent à très-bas prix d’où il résulte que la ville la plus pauvre en produits est en quelque sorte la mieux approvisionnée. Les fruits et les légumes du midi, les poissons, les viandes, tout y arrive avec profusion ; on rencontre de distance en distance, le long de la route, des glacières abondantes qui permettent de conserver frais, jusqu’à Péking, les aliments les plus délicats.

Depuis que les Portugais s’étaient établis à Macao, on s’était peu à peu habitué en Europe à l’idée que cette vaste Chine, récemment découverte par les navigateurs, était ce fameux empire de Catay que les voyageurs du moyen âge allaient visiter par terre, et dont ils donnaient à leurs contemporains de si curieuses descriptions. Le P. Ricci, en arrivant à Péking, fit des recherches importantes et ne douta plus qu’il était dans cette même grande ville que Marco-Polo avait nommée Cambalu. Le célèbre Vénitien avait résidé dans le Catay durant la conquête des Tartares mongols, qui appelaient la capitale Khan-Balik, c’est-à-dire palais du khan ou de l’empereur. Après l’expulsion des Tartares, la capitale avait pris le nom de Péking ou cour du nord, comme Nanking veut dire cour du midi.

Aussitôt que les missionnaires furent arrivés à Péking, ils se firent conduire au palais du président Kouang, qui leur fit un gracieux accueil et les invita à loger chez lui. Le premier eunuque de la cour ne tarda pas à venir les visiter, pour négocier la