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restes qui attestent encore la beauté de ces ouvrages. Le canal qui allait de la cour du nord à celle du midi[1] avait quarante pas de large, et sur les deux bords il y avait des plantations en ormeaux et en saules. Celui qui allait de la cour d’orient à celle d’occident était moins magnifique, mais bordé également d’une double rangée d’arbres. Les historiens chinois ont flétri la mémoire de l’empereur Yang-Ti qui, pendant son règne n’a cessé d’écraser le peuple de corvées, pour satisfaire son goût effréné du luxe et du faste. Ils reconnaissent cependant qu’il a bien mérité de tout l’empire par l’utilité que le commerce intérieur a retiré de ses canaux.

Les missionnaires entrèrent, après plusieurs jours de navigation, dans le fleuve Jaune, si différent du Yang-tse-Kiang par l’impétuosité de son cours et la teinte bourbeuse de ses eaux. Le Hoang-Ho prend sa source dans les montagnes du Thibet, et traverse le Koukou-Noor, pour entrer dans la Chine par la province de Kan-Sou. Il en sort, en suivant les pieds sablonneux des monts Aléchan entoure le pays des Ortous, et après avoir arrosé la Chine, d’abord du nord au midi, puis d’occident en orient, il va se jeter dans la mer Jaune. Les eaux du fleuve Jaune, pures et belles à leur source, ne prennent une teinte jaunâtre qu’après avoir traversé les sablières des Aléchan et des Ortous. Elles sont presque toujours de niveau avec le sol qu’elles parcourent ; et c’est à ce défaut général d’encaissement qu’on doit attribuer les inondations si désastreuses de ce fleuve.

  1. À cette époque il avait quatre cours impériales.