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en palanquin, soigneusement fermé de tous côtés, afin de n’être aperçu de personne. Ces précautions n’empêchèrent pas cependant qu’il ne fût un jour reconnu par des satellites, au moment où il passait furtivement de sa barque dans le palanquin qui l’attendait au rivage. On était sur le point de le traîner en prison, ou même de le massacrer comme Japonais lorsqu’il déclara qu’il se rendait chez le président Kouang. Dès ce moment les missionnaires purent aller et venir en toute liberté, car personne n’eut osé molester les amis du président du Li-Pou.

Après de nombreuses contrariétés, le voyage de Péking fut enfin décidé. Les jésuites allaient donc entrer dans cette capitale du plus ancien et du plus vaste empire du monde. Le but que s’était proposé le P. Ricci, depuis son arrivée en Chine, serait bientôt atteint ; il pourrait se présenter à la cour, voir l’empereur, et obtenir la liberté de prêcher encore l’Évangile à ces populations si obstinées à repousser la foi chrétienne, pour demeurer ensevelies dans leur indifférence religieuse. Le président Kouang devant arriver à jour fixe à Péking, pour assister à la fête solennelle de l’empereur, prit la route de terre. Mais les missionnaires avaient à calculer avec leur bourse. Leur pauvreté ne leur permettant pas d’entreprendre ce long voyage en palanquin, ils louèrent deux cabines sur la jonque qui transportait par eau les bagages de leur protecteur, et s’embarquèrent sur le canal impérial qui, après avoir fait communiquer le fleuve Bleu avec le fleuve Jaune, se continue jusqu’à Péking.

Le P. Ricci ne manqua pas d’admirer le long de