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d’avis qu’on renonçât à l’ambassade projetée, parce qu’elle ne pouvait désormais avoir la même importance qu’on lui avait d’abord supposée. Les missionnaires déjà établis depuis longtemps dans l’intérieur de l’empire chinois, connaissaient parfaitement la langue et les usages du pays. Ils s’étaient acquis une grande expérience, au milieu des tribulations qu’ils avaient traversées, et n’avaient plus besoin du douteux auxiliaire d’une ambassade officielle ; ils n’avaient plus qu’à s’abandonner à leur zèle pour étendre la propagation de la foi parmi ces nombreuses populations.

Telle était l’opinion du visiteur général, qui comprit en même temps que pour assurer le succès et les progrès de l’œuvre, il était nécessaire d’apporter quelques modifications à ce qui avait été établi dès le commencement. Le recteur du collége de Macao était à la fois supérieur des missions de l’intérieur. Cette organisation ne présentait pas de sérieux inconvénients, tant que les missionnaires étaient forcés de se borner à quelques excursions dans la ville de Canton ou aux environs. Mais actuellement qu’il y avait des chrétiens à Tchao-Tcheou et à Nan-Tchang-Fou, bien avant dans l’intérieur et loin de Macao, le centre de l’autorité ne devait plus être au collége de cette ville. Son influence ne pouvait plus s’exercer à une aussi grande distance sans s’affaiblir ou se perdre. D’ailleurs, les travaux des missions avaient continuellement besoin d’une initiative prise sur les lieux mêmes et sans délai. Ceux qui ne connaissaient que très-imparfaitement les événements étaient impropres à leur donner une bonne direction.