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que des ruines et rien qui fût digne de fixer l’attention de ses collègues. À la vue de cette dévastation générale il exprima son étonnement et ses regrets au P. Cataneo, qui lui fit le récit des derniers événements. Le gouverneur blâma sévèrement, la conduite du petit mandarin qui avait provoqué ce désastre, et, afin de remédier au mal, il fit publier le jour même un édit où, après avoir fait un grand éloge des missionnaires, il menaçait des châtiments les plus sévères ceux qui oseraient troubler leur séjour à Tchao-Tcheou. Les magistrats parurent dès lors animés de si bonnes dispositions à l’égard de la mission qu’on en profita pour faire venir de Macao deux nouveaux prédicateurs de l’Évangile. Ce furent les PP. Jean de Rocha et Nicolas Lombard. Les supérieurs du collége jugèrent à propos de rappeler le malheureux frère Sébastien, qui avait reçu cinquante coups de bambou et subi la peine infamante de la cangue.

Il y avait plusieurs années qu’on avait eu le projet d’envoyer à Péking une ambassade solennelle car on pensait toujours que c’était le seul moyen efficace de fonder d’une manière solide la mission de la Chine. On n’a pas oublié peut-être que le P. Roger avait fait tout exprès un voyage en Europe, afin d’intéresser le souverain pontife et les cours d’Espagne et de Portugal à cette grande entreprise. La mort de ce zélé missionnaire, et puis divers obstacles vinrent entraver la réalisation de ce projet. En apprenant les heureux succès des missionnaires établis à Tchao-Tcheou et à Nan-Tchang-Fou, le visiteur général des missions de la Chine et du Japon fut