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nommée pour le nombre et le mérite des lettrés qu’elle renferme. En 1847, deux cent cinquante et un ans après le P. Ricci, nous entrions, nous aussi, dans la même ville, escortés par des mandarins qui par ordre de l’empereur nous reconduisaient à Canton et nous allions nous installer au palais des compositions littéraires. Le P. Ricci n’était pas dans les mêmes conditions. Errant et persécuté, il ne savait où aller demander l’hospitalité ; il n’avait pour compagnons qu’un jeune novice portugais de Macao et quelques Chinois nouvellement convertis qui, moitié par dévouement et moitié peut-être par intérêt, s’étaient attachés à sa personne. Pendant qu’il cherchait un asile où il pût s’abriter sans compromettre personne, il se souvint qu’il y avait dans la ville un médecin célèbre dont il avait reçu de fréquentes visites durant son séjour à Tchao-Tcheou. Il n’hésita pas à le chercher et à lui exprimer son embarras. Le docteur chinois reçut le missionnaire avec une sincère cordialité et lui offrit dans sa maison une généreuse hospitalité. Comme il jouissait d’une grande réputation au point de vue littéraire et médical, il vivait dans l’intimité des plus hauts fonctionnaires de la ville et même du vice-roi de la province. Plein d’estime et de vénération pour le P. Ricci, il usa de toute son influence auprès des magistrats pour qu’il ne fût pas persécuté à Nan-Tchang-Fou. Grâce à cette cordiale et puissante protection, le zélé et savant religieux ne tarda pas à être favorablement connu dans la haute société chinoise. On parlait partout avec éloge de ses rares connaissances ; mais sa renommée n’eut plus de bornes, lorsqu’il publia deux ouvrages qu’il avait déjà ébauchés les années pré-