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fleurs et de rubans. Kiu-Taï-Sse se prosterna, frappa trois fois la terre du front et dit au P. Ricci : Maître, souffrez que je sois votre disciple. — C’est avec une semblable cérémonie que les Chinois ont l’habitude de se choisir un maître. Le lendemain, il y eut un festin splendide, et Kiu-Taï-Sse fut adopté pour disciple. Sa passion pour les sciences occultes et les secrets de l’alchimie avaient été le principal mobile de sa démarche. Après avoir fréquenté quelque temps les missionnaires, il s’aperçut qu’ils étaient absolument incapables de fabriquer le plus petit morceau d’or ou d’argent, mais qu’ils étaient en possession de la vérité religieuse, de cette pierre philosophale qui peut opérer dans les cœurs et dans les intelligences les transformations les plus merveilleuses.

Kiu-Taï-Sse s’appliqua d’abord à étudier les mathématiques, la géométrie et la mécanique, sous la direction du P. Ricci. Il fit dans ces sciences des progrès remarquables ; on rapporte même qu’il devint capable de composer de beaux instruments de physique, et de rédiger sur ces connaissances des ouvrages dont tous les lettrés de l’empire admirèrent la clarté, l’élégance et la précision. Il ne mit pas moins de soin à l’étude de la religion qu’à celle des sciences, et il y apporta cette rectitude d’esprit que donnent souvent les mathématiques.

Il avait préparé un grand registre à trois colonnes : sur la première étaient consignés les enseignements dogmatiques et moraux du P. Ricci ; sur la seconde se trouvaient exposées les objections qui l’embarrassaient ; la troisième colonne était en blanc, pour recevoir les solutions du maître. Il fut enfin admis au baptême, et cette conversion attira à la mission