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auxquelles il se livrait. La prière, la contemplation et quelques travaux manuels étaient son occupation de tous les jours. Ses vêtements étaient très-grossiers, et il portait sur sa chair une chaîne de fer qui lui ceignait les reins. Cette ceinture lui avait, dit-on, tellement meurtri les chairs qu’elles étaient en putréfaction et remplies de vers. Suivant les traditions des bonzes de Nan-Hoa, lorsqu’il arrivait qu’un de ces vers tombât à terre, le saint ermite le ramassait avec empressement et le remettait à sa place en lui disant : Te manque-t-il donc quelque chose à ronger ? d’où vient qu’il te prend ainsi fantaisie de t’enfuir ?… À la mort de cet anachorète, la vénération des habitants de la contrée lui éleva un magnifique temple, qui ne tarda pas à devenir pour les provinces méridionales un lieu célèbre de pèlerinage. Le monastère renfermait plus de mille bonzes, lorsqu’il fut visité par les religieux catholiques.

Il y avait déjà longtemps que la réputation du P. Ricci s’était répandue dans toute l’étendue de l’empire chinois. Les religieux bouddhistes de Nan-Hoa avaient entendu parler de cet illustre bonze de l’Occident dont la science était incomparable. Lorsqu’on leur annonça qu’il devait venir se fixer dans leur monastère, ils reçurent cette nouvelle avec grand déplaisir, car ils se persuadaient qu’il leur était envoyé tout exprès pour établir la réforme parmi eux, et les ramener à une vie plus morale et plus régulière. Il fut donc convenu parmi les chefs de la bonzerie qu’on lui cacherait ce qui pourrait lui convenir le mieux pour sa résidence, et qu’on tâcherait tout doucement de lui inspirer le désir de s’en aller ailleurs. Cepen-