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meida fut confirmé dans sa résidence, et le vent tourna si favorablement que le supérieur du collége de Macao crut devoir en profiter pour envoyer à Tchao-King un religieux de plus ; c’était le P. François de Pétris.

Les missionnaires purent enfin se livrer en paix à leur apostolat. Tchao-King, ville très-importante au point de vue commercial et politique, est située non loin des bords d’un grand fleuve perpétuellement sillonné par un nombre considérable de jonques. C’est le passage de presque tous les mandarins des provinces du midi qui se rendent à Péking ou qui en viennent. La maison et l’église des jésuites, bâties en dehors des fortifications de la ville et tout près des bords de l’eau, attiraient facilement l’attention de tous ceux qui naviguaient sur le Tigre. Presque tous les voyageurs qui passaient par Tchao-King, surtout les mandarins et les lettrés, avaient l’habitude de faire une visite à la résidence des religieux de l’Occident. Tous étaient curieux d’examiner de près les figures de ces étrangers, dont on racontait des choses si étonnantes. On voulait voir ces horloges qui d’elles-mêmes sonnaient les heures, ces cartes de géographie renfermant les descriptions de toutes les nations de la terre, ces tableaux peints avec une telle perfection que les personnages paraissaient pleins de vie et puis ensuite une foule de curiosités inconnues aux habitants du royaume des Fleurs. Les lettrés et les mandarins de bonne foi, après avoir contemplé toutes ces nouveautés, étaient forcés de convenir que les barbares de l’Occident n’étaient pas absolument dépourvus d’intelligence, et qu’en dehors de l’Empire Céleste il y avait des peuples qui s’occupaient d’arts et d’industrie