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17. — L’émigration continue tout le temps et les meilleurs pêcheurs abandonnent les Îles, voilà le témoignage de tous les enquêteurs, excepté John Fontana qui allègue candidement que l’émigration se continue en petit nombre, sans nuire au propriétaire, parce qu’il se présente toujours de nouveaux sujets pour remplacer les partants. La cause de l’émigration est certainement la rareté du combustible, ajoute-t-il. La belle histoire !… Fox n’est point du même avis : un grand nombre ont déjà quitté, vendant à vil prix ce qu’ils ne pouvaient pas emporter, et beaucoup plus les auraient suivis, s’ils en avaient eu les moyens. Ceux qui restent tournent sans cesse leurs regards du côté de la terre promise. Ce printemps il est parti une goélette chargée de monde pour les Sept-Îles.

18. — Tous désirent vivement que le gouvernement achète les Îles, dans l’espoir de devenir ainsi réellement propriétaires. Plusieurs se disent prêts à racheter leurs terres à n’importe quel prix, pourvu qu’ils en soient effectivement les maîtres.

19. — Le système établi par la loi ne conviendrait pas pour les terres à bois que quelques-uns seulement accapareraient. Déjà on importe le bois de construction. Actuellement le bois est libre sur les terres inoccupées.

20. — Sous ce régime, il serait impossible aux habitants de se procurer le bois de chauffage, car les terres boisées sont inhabitables. Du bois de construction, il n’y en a plus ; et, quant aux clôtures, elles sont faites d’un mur en terre, en pierre ou en haie vive, ce qui est beaucoup trop coûteux pour le censitaire à rente, susceptible de déguerpir au premier froncement de sourcil de l’agent ; ce dernier devient presque toujours un peu tyrannique par l’influence qu’il exerce, surtout aux élections locales où, par menaces et fausses promesses, il réussit à faire élire aux fonctions publiques ses créatures, gens à tout faire et se vendant au plus of-