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anciens octrois de terre qui accordaient au jeune colon autant de terre qu’il désirait en clore pour trois piastres par année. De là le retard de la colonisation et le découragement des jeunes gens qui sont ainsi forcés d’aller chercher ailleurs à gagner leur misérable existence. »

15. — Rentes trop élevées, pas d’encouragement en haut lieu et découragement général de la population, pas plus riche qu’il y a cinquante ans. Comment espérer qu’ils amélioreront une terre dont ils ne pourront jamais être les vrais maîtres mais dont ils pourront être brutalement dépouillés au moindre retard de paiement. « Nous avons déjà plusieurs fois payé le plein prix de nos terres en rentes et rien ne nous reste, et ce qui nous afflige, nos enfants devront payer encore. » Les meilleures terres sont prises et les rentes sont plus élevées que jamais. N’est-ce pas de nature à décourager les jeunes colons les mieux trempés. « On doit avoir beaucoup d’égard pour ces colons qui, pour la plupart, sont ignorants ; leurs ancêtres, avant 1840, ne formaient qu’une seule famille et vivaient heureux et en paix ; n’étaient soumis qu’à la patriarcale autorité de leur prêtre en qui ils avaient confiance absolue ; c’est à lui qu’ils recouraient pour recevoir des avis désintéressés et des secours généreux. » (Fox). Fontana seul prétend que l’agriculture et les pêcheries n’en sont pas affectées. Les autres témoignent qu’on arrête ainsi le développement des Îles, en paralysant le commerce et en éloignant les étrangers qui pourraient y placer des capitaux. L’émigration et l’exode en masse de tout un peuple, voilà l’inévitable aboutissement d’un pareil état de choses.

16. — Oui, émigration continuelle : de 200 à 250 familles ont dû quitter les Îles, pour trouver un gîte et gagner librement et honorablement leur morceau de pain.