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qu’ils avaient entrevu ne leur apporta qu’une cruelle déception. Seuls encore à se défendre, et si pauvres, et si ignorants pour faire valoir leurs droits ! Mais, têtus et énergiquement persévérants comme des Bretons authentiques, confiants dans le succès de leur cause, ils refusent de déposer les armes et prennent l’offensive. Contester les droits du propriétaire devant les tribunaux est une entreprise hardie, bien au-dessus de leurs ressources pécuniaires, mais qui ne les épeure pas. Ils s’y hasardent, prêts à tous les sacrifices. Louis Boudreault et autres plaident devant la Cour Supérieure de Québec ; Ed. Vigneau et autres devant celle de Percé ; Louis Boudreault, fils, Alexandre Cormier et autres devant la Cour de Circuit des Îles de la Madeleine. Ils auraient sans aucun doute gagné leur cause, s’ils avaient pu continuer les procédures, mais empêchés par l’éloignement, la difficulté des moyens de transport et le manque d’argent, ils abandonnèrent la partie juste au moment précis où la balance semblait pencher en leur faveur. Quelques jugements confirmèrent Coffin dans ses droits, d’autres renvoyèrent les plaideurs dos à dos ou donnèrent gain de cause aux insulaires : à Alexandre Cormier, que son instruction mettait en mesure de se défendre avec le brio d’un éloquent disciple de Thémis.

On en était là, quand, à la session de l’Assemblée Législative, en l’année 1872, le député de Gaspé, M. Pierre Fortin, obtint la nomination d’un comité composé de l’honorable M. Irvine, de Messieurs Robitaille, Chauveau, de Rimouski, Roy, Gendron, Lavallé, Cassidy et Fortin comme président, pour s’enquérir de la tenure des terres aux Îles de la Madeleine et des meilleurs moyens à prendre pour l’améliorer.

Le long questionnaire suivant fut adressé aux habitants les plus en mesure d’y répondre :