Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 72 —

l’Aurora, se sont établies sur ses îles et, en dépit de plusieurs proclamations, refusent de le reconnaître comme seigneur ou de lui permettre d’y faire un établissement. Il affirme que ces gens sont des sujets français qui exècrent Sa Majesté Britannique, se livrent à une continuelle contrebande avec les Américains et s’obstinent à ne pas payer la rente annuelle ridicule (trifling) de 2 qtx de morue par famille. En conséquence, il demande que des mesures soient prises pour les déporter rapidement (speedy removal). Il annexe à sa lettre la liste des familles qui viennent de Miquelon, soient 223 personnes.[1] Cette liste ne peut pas être complète puisqu’en 1792, 250 âmes arrivèrent en ces lieux, et que plusieurs y vinrent en 1793-94 et 1804.

Dans une autre lettre, il mentionne 74 familles, ce qui serait un peu plus exact.

Le gouverneur Craig, à qui Coffin avait adressé ses doléances, lui offrit d’envoyer en prison toute la partie mâle de la population et d’y abandonner les femmes et les enfants dont il ne savait que faire. C’était un moyen draconien qui peint bien le terrible et farouche Craig. Pâlis Winslow ! Craig te bat ! Tes méthodes sont surannées : il en invente une nouvelle pour se débarrasser promptement des rejetons de ceux qui t’ont joué. Coffin n’en voulut pas : disons-le à son honneur. Ce qu’il voulait, c’était nettoyer sa propriété de ce vil troupeau de pêcheurs qui riaient de lui et de ses titres de concession et défiaient toute intervention… À cinq cents milles de Québec, il n’était pas facile à la justice de se tenir là avec sa balance à la main. Après avoir tenté l’impossible auprès du trésorier de la force navale pour les expulser comme des étrangers, Craig entra dans une grande colère contre

  1. Voir app. VIII