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Il n’est toutefois pas juste de comparer, chiffres pour chiffres, les Îles de la Madeleine aux comtés qui ont à peu près le même surplus de naissances sur les décès. Par exemple, Chicoutimi, Lac Saint-Jean et Saguenay, qui les dépassent en 1919, forment une prospère région de colonisation où le surplus des vieilles paroisses en fonde de nouvelles où les jeunes ménages s’établissent, tandis que les Îles de la Madeleine sont surpeuplées, qu’un courant d’émigration charrie chaque année des centaines de personnes, jeunes ménages pour la plupart ou jeunes hommes, qui vont grossir la population d’autres comtés, tels que ceux du Saguenay, de Chicoutimi, de Saint-Maurice, de Matane ainsi que des villes de Québec et de Montréal malheureusement. Les vieux restent au pays natal et abaissent fatalement le pourcentage de la natalité et le cœfficient de la force vitale. C’est ainsi qu’en l’été de 1921, dans ma petite paroisse de Havre-aux-Maisons, je pouvais serrer la main à dix vieillards de 80 à 96 ans et compter une dizaine de jeunes familles forcées de s’expatrier.[1] Les Îles de la Madeleine se trouvent en réalité dans la situation des vieilles paroisses du bord du fleuve… Si je les compare maintenant aux comtés de Verchères et de Richelieu qui sont formés de vieilles paroisses, les chiffres sont joliment modifiés : soit une différence dans l’économie du capital humain de 0.47% pour le premier et de 0.33 % pour le second ; et une différence de 28.49% (V) et 23.97% (R) dans le surplus des naissances sur les décès. Cela ne prouve-t-il pas amplement mes assertions ?


  1. Il s’en est tant expatrié que la population a baissé de 535 âmes dans les dix dernières années.