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deux îles. L’incendie dévore 237 maisons, 116 cabanes, 89 magasins, 79 étables, 7 boulangeries, 79 chaffauds. Les agrès de pêche et les animaux furent transportés à Terre-Neuve, et les pauvres habitants, au nombre de 1932, en France où ils demeurèrent jusqu’au traité de Versailles qui les réintégra dans leurs propriétés aux frais de l’État. En 1783, 510 colons s’y rendirent et furent suivis de 713 autres, l’année suivante. L’État rebâtissait leurs maisons, leurs cabanes et chaffauds et donnait à chaque famille des instruments de pêche, des chaloupes et se chargeait de leur subsistance pendant dix-huit mois. Tout était à refaire et à réorganiser. Pour la troisième fois, ces Acadiens rassemblaient les débris de leurs foyers épars. Cependant, ils ne reviennent pas tous, car des 776 personnes qui étaient à Miquelon en 1776, on en trouve 432 seulement en 1784.

La paix ne devait pas être longue. Un murmure sourd comme le bruit du tonnerre dans le lointain commença aussitôt à poindre en France. Il roula de montagne en montagne, de plaine en plaine, avec une progression rapide. En 1789, la révolution éclata en France avec une violence semblable à ces cyclones terribles qui emportent tout sur leur passage. Le contre-coup se fit sentir à Saint-Pierre et Miquelon : les Saint-Pierrais, sur leur rocher stérile, entrèrent dans le mouvement. Néanmoins, d’après les documents que j’ai pu trouver, les Acadiens de Miquelon — et ils étaient presque uniquement sur cette île — condamnèrent cette conduite de leurs compatriotes français. La proclamation du 22 septembre 1792 connue, ils refusèrent de prêter serment à la République persécutrice et 250 d’entre eux, sous la direction de leur aumônier, Jean-Baptiste Allain, s’embarquèrent la nuit dans leurs chaloupes et firent voiles pour les Îles de la Madeleine. Il y avait d’ail-